L’article de Laetitia Arnaud-Sicari, publié dans Le Devoir le 3 août 2024, dans le cadre du cahier spécial Fierté, met en lumière les défis et les opportunités liés à l’éducation à la sexualité au Québec. La Coalition ÉduSex y souligne l’urgence d’investir dans des programmes qui répondent aux besoins des élèves tout en valorisant l’apport des spécialistes et des organismes communautaires.
Un programme prometteur, mais des défis persistants
Depuis 2018, les cours d’éducation à la sexualité sont obligatoires dans les écoles primaires et secondaires du Québec. Bien que ce cadre soit une avancée majeure, la qualité de l’enseignement reste inégale. Milca Bibeau, coordonnatrice de la Coalition ÉduSex, rappelle que, malgré un programme solide, sa mise en œuvre nécessite des ressources et un accompagnement accrus.
« On a des spécialistes qualifiés au Québec, mais le financement ne se rend pas nécessairement à eux »
Milca Bibeau, coordonnatrice de la Coalition ÉduSex
La Coalition ÉduSex plaide pour un financement suffisant afin de permettre aux sexologues et organismes communautaires d’intervenir directement dans les écoles. Leur expertise est essentielle pour garantir un enseignement adéquat, particulièrement sur des sujets complexes comme les stéréotypes, les violences sexuelles, les ITSS et les réalités LGBTQ+.
L’apport indispensable des organismes communautaires
Les organismes comme Interligne et Les 3 sex jouent un rôle crucial en apportant des formations spécialisées. Cependant, comme l’indique Pascal Vaillancourt, directeur général d’Interligne, des défis importants subsistent. La hausse des commentaires haineux envers les communautés LGBTQ+ et les réticences croissantes de certains élèves témoignent d’un climat qui complique le travail des intervenants.
Face à ces résistances, une collaboration renforcée entre le personnel scolaire et les organismes communautaires est nécessaire. Le soutien de la direction et une formation adaptée pour les enseignants peuvent aider à prévenir les situations conflictuelles et à promouvoir une approche inclusive.
Une vision globale et émancipatrice de l’éducation à la sexualité
L’éducation à la sexualité ne doit pas se limiter à un transfert de connaissances biologiques ou préventives. Comme le souligne Mariane Gilbert, directrice de sensibilisation de Les 3 sex, une approche globale vise à explorer le rapport au corps, au plaisir, et à briser les tabous. Cette vision positive et inclusive permet de réduire la honte et de favoriser des comportements respectueux et éclairés.
« Une éducation à la sexualité de qualité, c’est une éducation qui montre que la sexualité peut être quelque chose de beau et qui ose aborder tous ses aspects »
Mariane Gilbert, directrice de sensibilisation de Les 3 sex.
Les revendications de la Coalition ÉduSex
Pour que l’éducation à la sexualité devienne véritablement transformative, la Coalition ÉduSex réitère ses demandes :
- Un financement accru pour intégrer les experts communautaires dans les écoles.
- Une formation continue pour le personnel enseignant, afin de s’assurer qu’il soit bien outillé pour aborder ces sujets.
- Un cadre clair et inclusif, qui protège les enseignants contre les pressions extérieures et garantit un environnement sécuritaire pour tous les élèves.
- Une approche axée sur le consentement et le respect, essentielle pour contrer les discours haineux et encourager un dialogue ouvert.
Nous invitons les décideurs à saisir cette occasion pour faire de l’éducation à la sexualité un véritable levier d’émancipation. Parce qu’investir dans une éducation sexuelle de qualité, c’est investir dans une société plus respectueuse, équitable et solidaire.