21 novembre 2024

Ces balados sur le sexe vers lesquels se tournent les jeunes

Réponse de la Coalition ÉduSex

Dans son article du 21 novembre dernier, Radio-Canada met en lumière une réalité préoccupante : les jeunes Québécois·es se tournent massivement vers Internet et vers des balados pour combler les lacunes de leur éducation à la sexualité. Bien que ces initiatives soient louables et démontrent une volonté de briser les tabous, elles mettent également en évidence les failles persistantes dans notre système éducatif.

Une solution temporaire, mais insuffisante

Les balados comme Apéro Sexo, Sexe Oral, et Entre elles et lui jouent un rôle crucial en offrant un espace pour des discussions ouvertes sur des sujets souvent évités à l’école. Cependant, cette dépendance à des ressources externes souligne une problématique plus profonde : l’éducation à la sexualité au Québec reste fragmentée, incomplète et insuffisamment soutenue.

Malgré les efforts déployés depuis 2018, les témoignages de jeunes, recueillis par Les 3 sex*, en collaboration avec Oxfam-Québec, confirment que les cours actuels ne répondent pas à leurs besoins. Les constats sont clairs :

  1. Une vision genrée et désuète : Les contenus ne reflètent pas les réalités et diversités des jeunes d’aujourd’hui.
  2. Un enseignement partiel : Les aspects essentiels comme les relations saines, la santé mentale et sexuelle, ou encore la diversité sexuelle et de genre sont abordés de façon marginale.
  3. Un discours basé sur la peur et la honte : Cela perpétue les stigmas au lieu d’encourager des discussions ouvertes et respectueuses.

La mission de l’école : plus qu’un rôle complémentaire

La sexologue Myriam Day Asselin souligne avec justesse l’importance pour les adultes de devenir des figures de confiance. Pourtant, cet accompagnement ne peut pas être laissé uniquement aux parents, dont beaucoup manquent eux-mêmes de ressources ou de connaissances. L’école doit jouer un rôle central, structurant et égalitaire en offrant un cadre éducatif universel.

Certain.es regrettent profondément que le cours d’éducation à la sexualité ait été « dilué » dans Culture et citoyenneté québécoise. En l’intégrant à une seule matière, bien qu’il s’agisse d’une approche prometteuse sur le papier, risque de minimiser la portée transversale des apprentissages en matière de sexualité.

Une éducation globale : la clé pour contrer la désinformation

L’accès massif des jeunes à des informations en ligne, souvent non vérifiées, souligne l’urgence de leur offrir des bases solides pour développer leur esprit critique. Une éducation sexuelle globale, positive et inclusive doit aborder :

  • Le consentement et le respect dans les relations.
  • Les diversités sexuelles, de genre et relationnelles.
  • Les aspects physiologiques, mais aussi émotionnels de la sexualité.
  • La prévention des violences sexuelles et des inégalités de genre.

Ce que propose la Coalition ÉduSex

Nous militons pour une éducation à la sexualité qui :

  1. Soit ancrée dans une approche positive et respectueuse : Loin des tabous, elle doit encourager la curiosité et l’échange.
  2. Inclue tous les acteur·trice·s : Enseignant·e·s, professionnel·le·s de la santé, intervenant.e.s du milieu communautaire et membres de la communauté doivent être formé·e·s et mobilisé.e.s pour répondre aux questions des jeunes.
  3. Soit adaptée à la réalité des jeunes : Basée sur des données scientifiques et les besoins exprimés par les étudiant·e·s eux-mêmes.

En conclusion

L’essor des balados sur la sexualité est une réponse à un vide que le système éducatif doit combler de façon structurelle. Les efforts des créateur·trice·s de contenu doivent être salués, mais ils ne remplaceront jamais une éducation universelle et de qualité offerte dans les écoles.

La Coalition ÉduSex milite pour une éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice dans toutes les écoles québécoises

Pour lire l’article: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2121283/sexualite-balado-sexe-oral-education-sexologie